Sommaire

1. Une longue phase d'émergence
2. L'émergence du design dans la société industrielle
3. Le designer : une figure professionnelle
4. Le design en crise
5. L'extension du domaine du design
6. Quels enjeux futurs pour le design

Introduction

« La séduction ne me fut jamais caractéristique, car étant toujours séduit moi-même, je n'ai jamais séduit que sans le savoir. » Giacomo Casanova - Histoire de ma vie

« Design » est un mot qui inspire de nombreux paradoxes. Il est l'un des dénominateurs communs de la quasi-totalité des objets autour de nous, mais aussi terriblement absent d'un grand nombre d'entre eux. Il est consubstantiel de la société de consommation et du productivisme, mais il a une facette révolté et révolutionnaire. Il est l'expression d'une certaine hégémonie culturelle anglo-saxonne, mais il touche aussi à l'universel, car partout où il s’établit il est adopté. Il est un séducteur qui pousse les sociétés à la surconsommation, mais il est impossible de le réduire à son seul aspect marchand. Tout comme Casanova se défendant à la fin de sa vie des vices dont on l'accable, la séduction est au cœur du phénomène design, mais n'en constitue qu'un effet et non pas la finalité. L'essentiel est ailleurs et dans le cas du design, le percevoir nécessite un travail théorique auquel attèlent des philosophes, des historiens et des designers.

Le design est une certaine manière de standardiser les objets en y associant l'esthétique et les valeurs d'une époque. Voilà une définition partielle et lacunaire, mais il s'agit d'une pratique difficile à saisir, car elle change ses principes au cours des différentes périodes de l'histoire récente. On peut la résumer de cette manière :

• Sa naissance dans l'Angleterre Victorienne au milieu du 19e siècle comme réaction à la médiocrité des objets produits dans les manufactures et à leurs désastreuse condition de production ;
• Une première période utopique (1870-1900) de rejet avec William Morris et sa fascination pour l'atelier de l'artisan du moyen-âge et son refus radical des modes de production issus de l'usine ****et de la production en série ;
• Une seconde période de consolidation (1900-1930) sur le mode de l**'alliance entre l'industrie et les arts décoratifs** avec Peter Berhens qui concrétise l'acte de design en pratique ainsi que des mouvements comme le Werkbund ou le Bauhaus qui fournissent un cadre théorique fonctionnaliste ;
• Une troisième période consumériste (1930-1970) qui nous vient des USA avec Raymond Leowy qui impose l'idée de la simplification des formes comme mission du designer tandis que la profession s'affirme grâce à une initiative française déçue ;
• Une quatrième période de crise (1970-2000) dans laquelle les designers se déchirent sur le rôle de leur profession : accompagner la mondialisation triomphante, se réfugier dans le champ de l'art ou de porter une voix critique de la production des objets ;
• Enfin, une dernière période caractérisée par l’avènement de l'informatique, de l'interface graphique, d'internet, des imprimantes 3D, de l'intelligence artificielle et de l'expérience comme nouvelles données du travail du designer.

Le design n'est pas réellement sorti de cette crise débutée dans les années 70. Nous sommes confrontés parallèlement à tant d'enjeux induits par le numérique, par la crise écologique ainsi que par le modèle productif industriel, que les designers ont la tête qui tourne.

Cette petite histoire au design à pour but de vous donner les éléments principaux qui caractérisent la discipline dans ses différentes transformations. Il s'agit de morceaux glanés çà et là dans une bibliographie que vous trouverez en fin de page. C'est un début de réponse à des questions que je me suis personnellement longtemps posées :